Avent au Rocher

Venez, crions de joie pour le Seigneur, acclamons notre Rocher, notre salut ! Ps. 94

C’est au Rocher des Mureaux, tout près de Paris que se déroule cette aventure. Elle est celle de trois semaines données au Seigneur car c’est bien Lui qui m’a envoyé, par son intermédiaire le père Damien, loin ou comme on entend dans Shrek : dans un lieu fort fort lointain (far far away pour les bilingues).

Que retenir de ce voyage ? Déjà, l’écarquillement soudain de plusieurs paires d’yeux, par-dessus des masques plus ou moins bien ajustés, des passagers du TGV, lorsqu’ils ont vu l’énorme Bible que j’ai ouverte pour ne pas manquer de faire ma lectio. Il faut remarquer qu’elle remplissait presque exclusivement mon sac à dos. Cela a fait naître des interrogations, et l’on se rend compte qu’une simple Bible est déjà missionnaire ! Passons sur le reste du trajet, qui fut sans encombre, pour aller droit au sujet : qui est le Rocher des Mureaux.

Accueil chaleureux, une équipe souriante qui m’invita à un repas de bienvenue. Où l’on s’amusa de mon accent et où l’on mangea quelques calissons tout en me présentant les activités proposées par le Rocher. Au programme : de l’aide à la scolarité, des cours de français, de couture, de théâtre, élaboration de CV, tours de rue et animations pour rencontrer et écouter, visite à domicile de personnes isolées, et bien d’autres choses encore… Et au programme de l’équipe : Messe Adoration Louange. Trois mots clefs pour bien démarrer la journée !

Nous vivions au cœur du quartier. Dans des immeubles donnant le vertige et dont les racines s’agitaient au son de la BAC (Brigade Anti-Criminalité). Il faut dire que là-bas, le trafic de drogue fait partie du décor. Je n’ai pourtant pas eu à me plaindre de ces dealers, la plupart mineurs, qui avaient constamment l’air de s’ennuyer. Ils connaissaient le Rocher et j’aimais à échanger avec eux sur la Bible et le Coran quitte parfois à les remuer dans leurs convictions.

Les journées étaient bien rythmées, si bien d’ailleurs que je ne les ai pas vues passer ! En fin de journée, on se retrouvait dans la coloc des garçons ou dans celle des filles pour échanger autour d’un bon repas, jouer, rigoler et regarder un bon film. Nous avons vraiment vécu une belle vie fraternelle avec les autres membres du Rocher. Au milieu d’eux se trouvait un séminariste d’Angers avec qui j’ai pu continuer de chanter les offices ! Merci Seigneur !

Parmi les rencontres qui m’ont le plus touché, il y a celle de ce jeune lycéen marocain, Abdellah, que j’ai aidé chaque jour en attendant qu’il trouve une place dans un nouveau lycée. Je l’ai vraiment vu se métamorphoser au fur et à mesure des rencontres, tant au niveau scolaire qu’humain. Il faut dire que le désir de ses parents de le voir travailler et s’épanouir a fini par germer dans son cœur, et qu’il donnait le meilleur de lui-même à chaque séance. La rencontre avec sa famille a été un très beau moment, dépaysant dès l’entrée dans l’appartement et encore plus à l’arrivée du tajine ! Un bel échange culturel et spirituel, de fait son père avait réfléchi à devenir imam.

Et me voici dans ce train qui file vers Aix-en-Provence. J’emporte dans mes bagages, plus seulement cette Bible un peu lourde, mais aussi ces sourires, ces cris de joies lors des parties de foot, ces interrogations des petits pensant à l’avenir et apprenant leurs tables de multiplication et surtout les regards de celles et ceux qui ont croisé ma route. Noël !

Hadrien

Propédeute de Toulouse – Auteur