Ascension de la Sainte Victoire

Parabole de l’ascension de la Sainte Victoire

Du parking, j’observe les autres randonneurs prêts à partir. En face, nous avons vue sur la croix de Provence au sommet du massif de la Sainte Victoire, cette barre rocheuse qui nous coupe l’horizon.

A côté de nous, un enfant plisse les yeux pour mieux saisir l’objectif si inaccessible, bel et lointain. Il se tourne alors vers sa mère et lui demande : « C’est vrai ? On va vraiment aller là-haut ? ». Elle se penche sur lui et le rassure : « Oui, mais ne t’en fais pas, je suis avec toi. On va y aller doucement, et ça ira ! – Mais, Maman, il y a quoi là-haut ? et au-delà ? – Patience mon fils ! Mais, tu verras comme c’est beau … ».

De l’autre côté, un coureur se redresse après avoir enfilé ses chaussures de course, il porte la main à ses yeux comme casquette et vise l’objectif. Puis, il paramètre sa montre dernier-cri et lance : « Voyons voir ce que ça va donner cette montagne ! ».

Plus loin un vieil homme regarde la montagne et s’adresse à sa compagne d’un « Eh bé ! on n’est pas arrivé… ».

J’attends les autres voitures du groupe des propédeutes. L’enfant et sa mère, le coureur et le couple de retraités s’engagent et nous précèdent sur le chemin. Une fois au complet, nous débutons à notre tour l’ascension. Nous en profitons pour discuter de choses variées et faire connaissance. Nous nous arrêtons régulièrement pour que chacun puisse suivre le rythme du groupe et encourager les plus fatigués. C’est aussi l’occasion de profiter de la beauté du paysage : le maquis provençal, la montagne, les plateaux, les barrages et le ciel assez dégagé. Le chemin est fort pentu par endroits, les sentiers sinueux et les raccourcis parfois trompeurs pour qui n’y prête pas garde.

Quelques temps après, nous rattrapons le vieil homme assis sur un rocher avant que ne commence une pente raide. « A quoi bon continuer ? A quoi bon se fatiguer ? Y a-t-il seulement quelque chose là-haut ? La vue d’ici n’est-elle pas déjà la plus belle ? » souffle-t-il. Contrairement à lui, après avoir brièvement admiré la vue, nous avons repris l’ascension, persuadés que la montagne nous réservait d’autres merveilles.

Plus haut, à mon grand étonnement, nous avons croisé le coureur, qui, absorbé dans ses pensées et probablement trop occupé à surveiller son rythme cardiaque, sa vitesse de progression et la distance parcourue, s’était perdu en chemin et qui revenait donc d’un détour inutile.

Plus haut encore, nous avons retrouvé l’enfant conduit par sa mère. « Maman, quand est-ce qu’on arrive ? – Aller, courage mon fils ! – Mais comment savoir si nous sommes sur le bon chemin ? – Souviens-toi toujours que la croix est au sommet. Quand tu l’aperçois, suis-là ; c’est la bonne direction. Et, quand elle est cachée par la végétation, continue ton chemin. – Mais si une intersection se présente ? – Alors observe attentivement autour de toi, lis les écritures des panneaux ou déchiffre les signes sur les troncs ou rochers. Mais, n’aie crainte, je suis toujours avec toi. Et puis, tous les chemins mènent à Rome ! un jour ou l’autre du moins… ». Quelle belle leçon de vie !

Enfin, quelques temps après, nous arrivons au prieuré de la Sainte Victoire, nous y restaurons nos forces par un pique-nique que l’effort nous fait apprécier tel un festin. Un festin à partager avec les guêpes de ce lieu, qui ne se privent pas de prélever la part de nos anges-gardiens. Ragaillardis par le repas, nous grimpons à la croix glorieuse trônant au sommet, dominant le pays, exposée au souffle du vent et aux rayons du soleil perçant les nuages. D’un regard, nous embrassons le ciel et la terre, la beauté infinie de la création, de l’œuvre de Dieu confiée aux hommes pour l’habiter et Le glorifier.

Cyril

Propédeute de Toulouse – Auteur de la parabole