Vie Spirituelle : les Vigiles de la Toussaint

EN BREF

Le 31 octobre au soir, nous avons vécus les vigiles de la Toussaint, pour entrer dans cette grande fête. Une célébration originale, rythmée de chants et de lectures, vécue à travers un véritable pèlerinage au sein de la Cathédrale Saint-Sauveur d’Aix-en-Provence. Partant du Cloitre, figure du jardin d’Eden, nous avons cheminés jusqu’au Baptistère, lieu de notre naissance en Jésus Christ. Ensuite, le peuple que nous formions s’est mis en route vers le Chœur de la Cathédrale, symbole du Ciel où Dieu et l’Homme ne font plus qu’un, communion du cœur de Dieu avec les cœurs de tous les saints. Cette vigile nous a permis d’entrer plus intensément dans cette fête de Toussaint, en communion avec l’Eglise toute entière.

 

Halloween

Une pluie froide et sinueuse dans les rues sombres de la ville, un vent violent et froid, et entre les immeubles de petites silhouettes noires qui sonnent de portes en portes. C’est le soir de la mort pour beaucoup. Mais le maquillage s’efface sous l’eau qui ruisselle, et laisse apparaitre les visages froids, abimés, ridés, angoissés, tristes. Derrière l’épouvantail brandi comme exutoire, les hommes savent leur angoisse face à cette fin qui nous taraude. C’est le soir de la mort.

 

Au Jardin

Au même instant, abrité au cœur du Jardin, le troupeau se rassemble à la lumière des cierges : c’est Pâque en automne pour les chrétiens. Le petit peuple n’est pas ce soir lié de tristesse. Il ne nie pas non plus ce grand mystère qu’est notre mort. Mais il vit dans l’espérance car il sait que Dieu la traverse. Devenu homme, il a souffert pour nous ce mystère absurde de la mort. Ressuscité par le Père, il nous entraine par l’Esprit à vivre pleinement en tant que ressuscités. Le Christ n’est plus lié par la mort, et son esprit irrigue tout son peuple qui le chante en cette Toussaint. C’est dans la joie qu’Il s’élance du Jardin jusqu’à l’eau du baptême : à sa suite, nous marchons. En Lui nous avançons, jeunes et vieux tous ensemble, unis dans ce cheminement.

Nés de l’eau (et de l’esprit)

Comme le peuple hébreu passant la Mer des Roseaux, nous faisons mémoire de notre traversée des eaux de la mort : baptême. Par ce sacrement, nous avons suivi le Christ au plus sombre, au plus profond, au plus sourd. Sous l’eau. Sous la mort. Sans assurance, sans avoir pied, sans rien voir. Jaillissant soudain des profondeurs, le Christ Jésus nous sort de cette fin absurde. Dieu ne pouvait pas laisser ses enfants loin de Lui, il ne pouvait les abandonner à la mort, il est venu les chercher, les rejoindre, leur redonner la Vie. C’est ceci la Toussaint : la célébration de la vie éternelle que nous avons reçus au baptême. La gloire infinie de Dieu en l’homme vivant… Nous commençons notre route vers le ciel, vers ce lieu déjà présent où l’homme contemple son Sauveur et où Dieu rejoint notre cœur.

 

In Paradisum

Au chœur et au cœur, c’est le ciel. Ce ciel où le Fils est monté afin de tout remplir. Ce ciel, rencontre intime de Dieu et de l’homme. Mystère. Nous chantons. Nous tournons nos regards vers le Père en rendant grâce, mais nos mots sont bien vides et bien creux pour exprimer un tel amour. Comment alors ? En se tournant vers nos frères, vers nos saints, vers ceux qui partagent notre humanité en cet instant. Du propédeute exalté à la grand-mère haletante, du prêtre occupé au servant distrait, cette célébration nous unit dans une prière qui ne peut être que décentrée. Elle n’est pas cri de joie hystérique, elle est invitation libre à la joie : nous ne pouvons pas louer seul ce Dieu qui nous unit, mais ensemble seulement nous faisons monter vers lui ce chant de gloire. Glorifie le Seigneur Jérusalem ! Célèbre ton Dieu ô Sion ! Alléluia ! Le psalmiste et le chrétien invitent leurs frères à prier, « comme si personne ne pouvait louer de son propre mouvement tellement l’affaire nous dépasse ». La communion des saints est chant, louange, gloire, charité.

 

Et vous aussi mes frères

Seul, pas d’amour possible. C’est uniquement quand la main se tend, quand l’oreille s’ouvre, quand la parole jaillit que peut alors naitre le ciel. Notre sainteté, celle que nous avons célébré ensemble et que nous désirons chaque jour, passe par le Christ, source de tout amour. Vous aussi mes frères, célébrez la vie qui est répandue par le Christ. Vous aussi mes frères, priez les uns pour les autres pour que notre foi ne défaille pas. Vous aussi mes frères, marchez à la suite du Père, au milieu de la glorieuse multitude des saints, et révélez à notre âme la grandeur de l’amour de Dieu pour tous. Soyons tous saints !