La ratio

La ratio

Introduction

En 2016, le Vatican a publié une nouvelle « Ratio institutionalis formationis », un document d’orientation sur la formation des futurs prêtres. La dernière Ratio datait de 1970 et avait été mise à jour en 1970. La principale nouveauté du document actuel est l’instauration nécessaire et obligatoire d’une « étape propédeutique ».

« À la lumière de l’expérience des dernières décennies[1], il est apparu nécessaire de consacrer entièrement une période – ordinairement non inférieure à une année et non supérieure à deux – pour une préparation de caractère introductif, en vue de la formation sacerdotale qui s’ensuivra ou, au contraire, de la décision de changer d’orientation de vie. La propédeutique est une étape indispensable de la formation, qui a sa propre spécificité. »

(Ratio institutionalis formationis, n°59)

La bonne intuition de l’Église de France

Dans l’Église de France, le premier cycle de Paray-le-Monial à partir de 1970, puis les séminaires de Toulon et d’Aix-en-Provence en 1983 ajoutèrent une année de spiritualité et de discernement au premier cycle, offrant une première formation de trois années, et non deux. C’était une première mise en œuvre de la suggestion du document conciliaire Optatam totius au n°12. En 1984, le cardinal Lustiger ouvrit ensuite à Paris la « Maison Saint-Augustin », voulue comme année de fondation spirituelle préalable à l’entrée au séminaire[2]. Il s’agissait, devant les évolutions de notre société, d’intégrer la disparition des petits séminaires et le déplacement des vocations vers ce que l’on appelait jadis les « vocations tardives », à savoir des entrées au séminaire n’intervenant plus après le baccalauréat mais après des études supérieures, plutôt à 23 ou 25 ans qu’à 18 ans.

On distingue actuellement en France deux grandes familles d’années propédeutiques s’articulant différemment selon les situations locales :

  • l’année propédeutique préalable et indépendante d’un premier cycle du séminaire
  • l’année reliée à un premier cycle de séminaire, mais avec une certaine indépendance. Ces liens concernent les locaux et les formateurs selon différents degrés.

L’année Saint Jean-Baptiste s’inscrit dans une situation correspondant au point de vue envisagé par la Ratio au n° 60 :

« Il convient que la phase propédeutique soit vécue dans une communauté distincte de celle du grand séminaire et, là où c’est possible, qu’elle ait aussi un lieu spécifique. On mettra donc en place une propédeutique avec ses formateurs propres, qui vise à une bonne formation humaine et chrétienne ainsi qu’à une sélection sérieuse des candidats au grand séminaire. »

(Ratio institutionalis formationis, n°60)

Les objectifs de l’étape propédeutique

Suivre le Christ

L’objectif premier est d’offrir aux jeunes qui se présentent de vivre une année dans la suite et l’amitié du Christ, dans le déploiement des grâces baptismales, leur permettant de mûrir les éléments du premier appel entendu pour y répondre librement et s’engager ensuite dans une étape de la formation sacerdotale. Il s’agit d’accompagner le candidat dans l’offrande de soi inconditionnée à la volonté de Dieu, dans l’accueil libre et résolu de la mission que le Seigneur veut lui confier dans son Église, dans l’ouverture à la grâce pour se donner à Dieu sans réserve.

L’enjeu est l’enracinement de la conversion en profondeur, pour ouvrir le chemin de la formation sacerdotale pendant toutes les années de séminaire et au-delà. Il y a dans ce parcours quelque chose de kérygmatique et de catéchuménal.

Une année à part

L’expérience de la rupture appartient à cette étape propédeutique : le jeune doit vivre concrètement ce que représente de quitter des études ou un métier, un logement de famille ou de colocation, une famille et des réseaux d’amitié. Il ne peut y avoir de véritable étape propédeutique en continuant, même pour une part, sa vie antérieure, quitte à reprendre plus tard certains éléments (notamment des compétences artistiques ou professionnelles qui seraient plus tard compatibles avec un ministère).

Une fondation spirituelle solide

« L’objectif principal consiste à poser des bases solides pour la vie spirituelle et à favoriser une meilleure connaissance de soi pour la croissance personnelle. » (Ratio, n°59)

Il s’agit avant tout de se donner les moyens d’une profonde initiation à la vie spirituelle dans toutes ses dimensions, permettant au jeune de se connaître en vérité et de grandir à la lumière de la Parole de Dieu, dans le cadre d’une vie communautaire qui favorise cette croissance avec l’aide des formateurs.

Puisque ce temps est tout entier au service de ce choix libre, il suppose aussi un premier regard posé par les formateurs pour objectiver les aptitudes et orienter le jeune, un discernement en vérité des évolutions que l’on peut attendre du candidat avec le temps et la maturation qui suivront. La propédeutique est «une sélection sérieuse des candidats à l’entrée au grand séminaire.» (Mgr Patrón Wong, mars 2017)

Il faut souligner que cela représente de la part de tous un engagement gratuit, candidats comme formateurs, et que cette gratuité fait partie de l’expérience elle-même. Ce temps donné par le candidat et par l’Église, sans concours à l’entrée ni à la fin, sans « obligation de résultat » est une entrée dans la formation et dans l’accueil de toute sa vie comme mystère de grâce, de gratuité. Il implique en conséquence un certain « retrait » du monde, une distance avec ses réseaux d’amis et sa famille, tout en les respectant à la lumière de la foi.

Une fondation spirituelle solide

« L’objectif principal consiste à poser des bases solides pour la vie spirituelle et à favoriser une meilleure connaissance de soi pour la croissance personnelle. » (Ratio, n°59)

Il s’agit avant tout de se donner les moyens d’une profonde initiation à la vie spirituelle dans toutes ses dimensions, permettant au jeune de se connaître en vérité et de grandir à la lumière de la Parole de Dieu, dans le cadre d’une vie communautaire qui favorise cette croissance avec l’aide des formateurs.

Puisque ce temps est tout entier au service de ce choix libre, il suppose aussi un premier regard posé par les formateurs pour objectiver les aptitudes et orienter le jeune, un discernement en vérité des évolutions que l’on peut attendre du candidat avec le temps et la maturation qui suivront. La propédeutique est «une sélection sérieuse des candidats à l’entrée au grand séminaire.» (Mgr Patrón Wong, mars 2017)

Il faut souligner que cela représente de la part de tous un engagement gratuit, candidats comme formateurs, et que cette gratuité fait partie de l’expérience elle-même. Ce temps donné par le candidat et par l’Église, sans concours à l’entrée ni à la fin, sans « obligation de résultat » est une entrée dans la formation et dans l’accueil de toute sa vie comme mystère de grâce, de gratuité. Il implique en conséquence un certain « retrait » du monde, une distance avec ses réseaux d’amis et sa famille, tout en les respectant à la lumière de la foi.

On comprend mieux dès lors que le contenu et les modalités d’une telle année ne peuvent se décrire comme une addition de connaissances, fût-ce sur la vie spirituelle, mais davantage comme ce qui va fonder une entrée décidée et forte dans la vie selon l’Esprit. Les “ moyens ” sont concentrés sur l’aide à la vie spirituelle et ne sont pas conçus dans une perspective académique, même si des enseignements sont donnés pour entrer plus aisément dans l’écoute de la Parole de Dieu ou dans la prière et la tradition priante de l’Église. « Les études pendant l’étape propédeutique restent nettement distinctes des études philosophiques. » (Ratio, n°59) Ces études seront toutes orientées vers l’intégration de la vie spirituelle par une présentation de l’Écriture et de la Tradition comme uniques sources de la Révélation, selon l’enseignement de Dei Verbum. Autrement dit : comment Dieu nous parle aujourd’hui et dans une histoire sainte, pour comprendre ce que sera un ministère futur.

« Le mot-clé de la propédeutique est donc : « introduire ». Introduire dans une expérience humaine et chrétienne de vie avec le Christ et avec ses frères pour confirmer ou non le premier discernement déjà effectué dans le contexte de la pastorale des vocations. Cela signifie l’importance du choix des formateurs, experts en discernement et dans l’art d’éduquer. »

(Mgr Patrón Wong, mars 2017)

L’articulation avec l’étape vocationnelle

Les services des vocations des différents diocèses sont chargés d’accueillir et d’accompagner dans un premier temps les jeunes – ou moins jeunes – qui perçoivent au cœur de leur vie chrétienne un appel plus spécifique du Christ à le servir dans le ministère sacerdotal. Il s’agit avant tout d’un temps d’écoute de la part de celui qui est chargé de ce ministère, proposant des rencontres, échanges, partages d’expériences, pèlerinages et retraites. L’enjeu est de permettre une relecture du parcours et des éléments d’appel, objectivés de façon complémentaire à un accompagnement spirituel qui est alors souvent à ses débuts. Il sera toujours important de vérifier :

  • qu’un accompagnement spirituel du jeune est en place depuis un an
  • que la droiture d’intention est présente
  • que l’équilibre psychique et la santé sont constatables, en vue du ministère mais plus simplement en vue d’une vie communautaire durant la formation
  • que le jeune a accompli un cycle d’étude (au minimum le baccalauréat)
  • qu’il se trouve dans une réelle liberté de choix, sans pression de famille ni au contraire fuite, par exemple du chômage
  • qu’à première vue les éléments canoniques définis comme irrégularités et empêchements sont absents.

Les moyens mis en œuvre

[4]

L’objectif recherché en propédeutique est unique : la rencontre du Christ et l’approfondissement de son compagnonnage, pour une connaissance intime et personnelle. Selon la grande tradition de l’Église, cette rencontre du Seigneur se décline selon plusieurs modalités :

  • Dans le corps scripturaire du Seigneur qu’est la Parole de Dieu consignée dans les Écritures Saintes. « La Parole de Dieu qui doit être considérée comme l’âme et le guide du cheminement » (Ratio 59). L’année offre un temps quotidien de lecture continue des Écritures, de sorte que l’intégralité de la Bible ait été lue sur les neuf mois de l’année académique, comme dans un nouvel enfantement. Cette lecture sera accompagnée par un plan (qui alterne Ancien et Nouveau Testament, et peut accompagner l’année liturgique et la logique spirituelle du parcours offert), et un cours introductif aux Écritures.
  • Autour du corps eucharistique du Christ, la liturgie de l’Église déploie la Parole de Dieu. Il est donc offert de vivre une année liturgique entière, avec une conscience plus grande du déploiement des mystères du Christ ; de découvrir les richesses de la Liturgie des Heures et sa place dans le quotidien ; et combien la célébration quotidienne de l’Eucharistie en fait la source et le sommet de la vie chrétienne. Il ne s’agit pas d’accumuler toutes les formes de la dévotion chrétienne, mais il en sera offert les principales (l’angelus, le chapelet, le chemin de croix, etc.) en gardant une place particulière à l’adoration eucharistique. Tout cela sera approfondi par un premier cours de liturgie.

  • La méditation de la Parole de Dieu et la vie liturgique de l’Église sont inséparables de la prière personnelle : il sera donné aux jeunes d’entrer dans une authentique vie « d’oraison ». L’enseignement de spiritualité, les conférences du supérieur, et les premières retraites de l’année visent à ce but. Une retraite plus importante pourra avoir lieu dans le dernier trimestre à l’heure des choix. Il convient de situer dans cette vie spirituelle engagée la place particulière du sacrement de pénitence et de réconciliation.
  • Tout cela se vit dans cet autre corps du Christ qu’est l’Église, selon la réalité concrète et quotidienne d’une communauté de frères et de pères, elle-même insérée dans la vie d’une – ou de plusieurs – Église particulière. La rencontre et le témoignage des prêtres et des évêques, des autres membres du peuple de Dieu, des visites sur place, offrent aux jeunes des éléments tangibles pour décider de leur engagement. Le fait de prendre en charge certains aspects des services quotidiens (cuisine, ménage, courses, etc.) permet d’éprouver la charité fraternelle en vérité. Il convient aussi de découvrir les différents charismes de la vie ecclésiale (vie consacrée, mouvements, associations, familles spirituelles, groupes de prière).

« Dans la formation qui est offerte, il faut mettre l’accent sur la communion avec l’évêque, le presbyterium et l’ensemble de l’Église particulière, entre autres parce que, surtout aujourd’hui, un certain nombre de vocations proviennent de différents groupes ou mouvements et ont besoin d’approfondir leurs liens avec les réalités diocésaines [5] ». (Ratio 60)

  • Dans le mystère pascal, le corps du Christ est aussi celui du souffrant. Il sera offert par différentes modalités de rencontrer le Seigneur dans le pauvre et le malade, d’assumer la rencontre gratuite et le service de l’autre. Outre des temps hebdomadaires, le principe d’un mois « d’expériment » dans des institutions comme l’Arche de Jean Vanier ou les ordres religieux ayant ce charisme est très bénéfique.

« Il s’agit de répondre à l’appel du Christ en L’aimant hic et nunc : dans les frères de communauté ; dans les personnes pauvres, souffrantes, […] rencontrées en paroisse ou lors de services caritatifs ; en répondant aussi au mandat missionnaire du Seigneur par des expériences d’évangélisation directe. » (Mgr Patrón Wong, mars 2017)

« Unifie mon cœur pour qu’il te craigne » (Ps 85, 11). Dans la recherche de cette unification, au service des différents points nommés jusqu’à présent, une place particulière revient à l’accompagnement spirituel. Chaque jeune pourra bénéficier durant l’année propédeutique d’un accompagnateur disponible et attentif pour une rencontre qui peut être hebdomadaire. Ce temps essentiel permet au jeune de rendre compte et d’objectiver sa vie spirituelle, d’apprendre à mettre des mots sur ce qu’il vit ; de relire son itinéraire, sa vie familiale, relationnelle et affective. Ce prêtre pourra faire partie de la maison ou en être un voisin, il sera bon qu’il participe à un conseil régulier avec le supérieur. Il est tenu au secret de ses entretiens avec son « dirigé » mais est pleinement un formateur, au courant du déroulement de la bonne marche de la communauté. L’unité de la formation est pour le jeune un garant essentiel de sa liberté dans la recherche de la volonté de Dieu.

« Les formateurs mettront en œuvre :

– la capacité à éduquer : étymologiquement e-ducare, à savoir aider paternellement la personne à « tirer hors d’elle » la vérité qu’elle contient, un e-vocare, pour la faire progresser dans une vérité toujours plus grande et libératrice qui est celle du Christ.

– La capacité à former : un pro-vocare pour collaborer à l’œuvre exigeante et interpellante de l’Esprit qui façonne un vrai chrétien, fils du Père et frère des hommes, et qui fait aller toujours plus loin.

– La capacité à accompagner : un « cheminer avec », un con-vocare qui fait expérimenter la communion ecclésiale et la présence de Dieu un et trine en elle. » (Mgr Patrón Wong, mars 2017)

Quelques notions de psychologie, voire un accompagnement si nécessaire, pourront aussi aider au cheminement, mais en prenant soin de ne pas confondre une telle démarche avec l’accompagnement spirituel.

Le choix peut être fait de proposer, et de présenter aux candidats la démarche des “ Exercices spirituels ” dits de saint Ignace. Ceux-ci ne sont pas considérés comme une initiation à une spiritualité particulière, mais comme un chemin recommandé unanimement par l’Église : pour contempler le Christ en ses mystères, pour expérimenter et goûter la grâce baptismale, pour y avancer en liberté, pour prendre en charge personnellement sa propre prière, accueillir la volonté de Dieu et y prendre résolution pour l’accomplir, etc. Cette retraite est personnellement guidée, chaque retraitant recevant chaque jour ce qui lui convient « selon le point où il en est ». Le fait de bénéficier durant un temps d’un accompagnateur autre que celui de l’institution est aussi une aide au discernement.

Les quatre dimensions de la formation

Les quatre dimensions de la formation sont déjà présentes dès l’année propédeutique : humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale. Il importe surtout que le candidat ai compris leur importance et l’aspect intégral et intégrateur de la formation dans laquelle il va s’engager. Le refus d’une de ses dimensions serait le signe qu’il n’est pas opportun de continuer. Le candidat doit comprendre qu’il va se laisser façonner par le Seigneur, dans son Église. Les quatre dimensions sont toujours en interaction les unes avec les autres, et la pédagogie des formateurs doit faire comprendre combien il faut progresser dans leur unité en vue d’être un pasteur donné et configuré au Christ. Par exemple, certains traits de l’éducation devront être revisités pour que le pasteur soit tout à tous, avec les riches comme avec les pauvres de nos sociétés occidentales. Ou encore que la vie de prière est bien inséparable du déploiement de l’apostolat du prêtre diocésain. Que les études sont bien orientées à cet apostolat futur, alors même qu’elles en paraissent parfois bien distantes… Le candidat apprend à se connaître dans ses forces et ses limites, ses vertus et ses manques, voire ses addictions, à comprendre d’où il vient dans ses origines sociales et familiales. Il mûrit dans la maîtrise de soi, le sens de l’engagement et du service, du dépassement, de la fidélité, ce qu’est aimer dans la chasteté, veiller à une hygiène de vie équilibrée, à la pratique du sport.

Les cours dispensés en propédeutique sont introductifs et visent tous au discernement. Il s’agit de faire entrer dans l’Écriture et la Tradition, et donc concrètement de donner une première familiarité avec la Bible, le Catéchisme de l’Église Catholique et les grands textes du concile Vatican II. Nous pouvons nommer des introductions à l’Écriture Sainte, au Credo, à la liturgie, à l’anthropologie, la théologie du sacerdoce, la vie spirituelle et les écoles spirituelles, le chant, l’histoire ecclésiale locale et générale, la méthodologie, une certaine forme de « culture générale ». On veillera à ne pas multiplier les matières et les cours pour laisser le temps de la maturation nécessaire.

Sans qu’il s’agisse à proprement parler d’examens au sens scolaire du terme, faire rédiger plusieurs travaux de quatre ou cinq pages dans certaines matières et offrir l’occasion de quelques exposés oraux permet d’évaluer les dispositions du candidat pour les études à venir.

Conclusion : les attitudes de croissance de cette étape

On vérifiera durant cette année le démarrage d’une attitude de confiance et de remise de soi vis-à-vis du Christ et de l’Église, un « laisser aller à l’Esprit », conjuguée à une volonté « d’apprendre à apprendre », une docibilitas selon saint Bernard (Ratio 45) qui permettra une entrée en formation fructueuse. Il est toujours inquiétant que les formateurs, à l’issu du premier cycle, dressent les mêmes constats que ceux de l’année propédeutique.

Il s’agit aussi de découvrir le processus de la liberté offerte par le Christ : « libre de, libre dans, libre pour » (cf. A. CENCINI, Les sentiments du Fils). Il s’agit à cette étape de prendre conscience qu’il s’agit de « se laisser libérer de » ses esclavages par le Sauveur, afin « d’être libre en Lui » et « d’être libre pour Lui et pour aimer » : le candidat, en suivant le Christ, commence un chemin de libération pour choisir librement Jésus et son appel, en vue de donner sa vie pour les autres. Il importe de quitter toute autosuffisance et d’être conscient que le cheminement de la formation n’est pas une promenade, mais un « exode », pour monter avec le Christ vers Jérusalem.

Il s’agit enfin de décider : le candidat, au terme de l’année, écrit à son évêque pour lui soumettre sa décision prise de poursuivre ou non au Grand Séminaire, même si des interrogations demeurent, comme dans toute offrande de sa vie. Le supérieur, avec son conseil, remet de son côté un avis détaillé à l’évêque, montrant les aptitudes et les marges de progression qui permettent d’envisager un chemin de formation et à terme une ordination sacerdotale.

(Ce paragraphe cite ou reformule Mgr Patrón Wong, mars 2017)

[1] L’étape propédeutique vient après la découverte de la vocation et le premier accompagnement vocationnel en dehors du séminaire, cf. Pastores dabo vobis, n° 62 : AAS 84 (199 :2),767-768. C’est la Congrégation pour l’éducation catholique qui, depuis 1980, a souhaité la proposition de cette étape d’initiation : « La nécessité est devenue plus évidente d’intensifier la préparation des aspirants au grand séminaire, non seulement d’un point de vue intellectuel, mais aussi et surtout humain et spirituel », CONGRÉGATION POUR L’EDUCATION CATHOLIQUE, Document d’information La période propédeutique (10 mai 1998), III, n° l. Dans une circulaire du 25 avril 1987, la Congrégation pour l’évangélisation des peuples avait aussi souhaité la propédeutique comme « une période prolongée de discernement vocationnel, de maturation dans la vie spirituelle et communautaire, également de rattrapage culturel en vue de la philosophie et de la théologie », in Enchiridion Vaticanum 10 (1989), 1214.

[2] Cardinal Jean-Marie Lustiger et alii, La formation spirituelle des prêtres, École cathédrale, Éditions du Cerf, 1995, 240 pp, actes du colloque tenu à l’occasion du 10e anniversaire de la fondation de la maison Saint-Augustin ;

[3] Congrégation pour l’Éducation Catholique, La période propédeutique, document informatif, Cité du Vatican, 1998. Consultable en ligne sur vatican.va

[4] Ratio 59 : « Pour l’initiation et la maturation de la vie spirituelle, il sera surtout nécessaire de faire entrer les candidats dans la prière grâce à la vie sacramentelle, la Liturgie des Heures, la familiarité avec la Parole de Dieu qui doit être considérée comme l’âme et le guide du cheminement, le silence, l’oraison, la lecture spirituelle. De plus, ce temps est propice pour une première connaissance synthétique de la doctrine chrétienne au moyen de l’étude du Catéchisme de l’Église Catholique, et pour renforcer la dynamique du don de soi dans l’expérience paroissiale et caritative. Enfin, la phase propédeutique pourra éventuellement compléter utilement la formation culturelle.

[5] Cf La période propédeutique, III, n° 5.