Homélie du 7/01/18

Avec des cadeaux aussi coûteux, (de l’or, de l’encens et de la myrrhe), on en prend plein les yeux ! Tellement plein les yeux que nous sommes aveuglés par leur prix. L’or, l’encens et la myrrhe sont chers, mais ce ne sont pas des produits fabriqués par la main de l’homme, ce sont des éléments « bruts », récoltés dans une mine ou cueillis sur un arbre.

De plus, au sens strict, ça ne sert à rien dans la vie quotidienne d’une famille de Nazareth. Le petit Jésus ne va pas se faire une médaille de baptême avec l’or, pareil pour l’encens et pour la myrrhe, au quotidien, ça ne sert à rien ! Les mages comprennent bien que ces présents ne servent à rien, mais ils ont voulu « ouvrir leurs coffrets » pour les donner à l’Enfant-Dieu pour lui dire leur adoration. C’est ce que l’on dit dans une des prières de la messe : « nos chants n’ajoutent rien à ce qu’est Dieu, mais ils nous rapprochent de lui ». En soi, les ornements, les chants, les cierges, etc., tout cela ne sert à rien si ce n’est à signifier, pauvrement, la grandeur de Dieu. Et c’est pourtant là que Dieu nous attend, pas dans ce que nous pouvons lui offrir, mais dans notre décision d’« ouvrir nos coffrets », c’est-à-dire de c’est prendre le risque de se déposséder de quelque chose. Certes, nous savons que tout vient de Dieu, créateur de l’Univers, qu’il a tout donné pour nous par son Fils offert sur la Croix… mais ô combien est difficile le geste d’ouvrir le coffret de nos vies, d’offrir à Dieu notre pauvreté et nos richesses, comme s’il allait mettre la main sur nous et sur ce qu’il nous a déjà donné !

Les mages ont pris un autre chemin nous dit l’Evangile, ils ont ouvert leurs coffrets parce qu’ils ont été bougés intérieurement. Ils ont trouvé ce qu’ils cherchaient, ils ont trouvé la Lumière véritable, et ils repartent chez eux, insensiblement changés, presque comme avant, mais radicalement renouvelés. C’est exactement ce que tu vis lorsque tu viens à la messe. Tu arrives et tu te présentes devant Dieu, tu lui offres tes petits chants, tu te reconnais pécheur en ouvrant le coffret de ta pauvreté, tu lui confies telle ou telle prière, tu t’avances vers Lui et tu reconnais avant de communier, « Amen », oui c’est bien toi le Christ. Puis tu repars chez toi, par un autre chemin, car tu as reçu le Corps de ton Dieu, tu as été renouvelé dans ta vie baptismale, tu es porteur, en ton cœur, de sa Lumière. Chaque dimanche Dieu se manifeste à toi, par sa Parole et par son Corps, et toi tu te laisses rejoindre par lui, par cet amour qui te nourrit, te guérit et te soulève.

La rencontre avec le Christ dans le sacrement de l’Eucharistie, G., tu vas la vivre ce soir d’une manière particulière, en présentant à Dieu ta pauvreté, ta faiblesse. Tu demandes à recevoir l’onction des malades, cette huile sainte qui te manifeste (et à nous aussi), que le Christ est la lumière qui vient tout réchauffer, particulièrement là où nous en avons besoin. Recevoir le sacrement des malades, c’est présenter ce petit coffret de ta santé, l’ouvrir et demander à Dieu d’en prendre particulièrement soin. Le sacrement des malades est un signe efficace du salut que Dieu donne dans notre corps pour que notre corps soit renouvelé. Pas seulement ton corps G., mais chacun de nos corps… et pas seulement nos corps, mais toutes nos vies. Âme, corps et esprit sont intimement liés, et lorsque l’un d’entre nous souffre dans son corps, tous nous souffrons ; lorsque l’un d’entre nous reçoit la visitation de Dieu dans son corps souffrant, tous nous bénéficions de sa lumière guérissante.

Elle est là la vraie étoile, celle qu’il faut suivre, dans la compassion, dans l’attention à l’autre, dans le don que tu peux faire de ta vie pour qu’elle soit un « sacrifice vivant » comme dit saint Paul ! Un sacrifice vivant, rien de moins. Et pour vivre cela, fais comme G., fais comme les mages, offre à Dieu le brut de ta vie, tout ce qui est à transformer et puis partage la lumière que tu as reçus. La mission que t’offre le Christ, c’est d’apporter cette lumière au monde… à tout le monde. La foi n’est pas réservée à des spécialistes ou à un peuple défini, comme une liste d’invités pour une soirée privée… C’est sur tout homme que le Christ fait resplendir son mystère !

La particularité de l’Epiphanie, c’est de nous faire pencher la tête vers l’enfant, et de nous aussi dire : « debout, lève-toi, lève les yeux au loin, alors tu verras, tu seras radieux, ton cœur frémira et se dilatera ». C’est le double mouvement paradoxal qu’ont vécu les mages (ils se sont baissés pour adorer et ont relevé la tête car leur humanité était illuminée ! Pour baisser les yeux et en même temps les lever, fais-le à la manière de Dieu, qui baisse les yeux, s’abaisse vers toi, tout en t’élevant vers lui. C’est en vivant ce double mouvement catabatique et anabatique que tu entreras dans la dynamique de Dieu. Toujours lever les yeux vers le Seigneur et toujours s’abaisser vers le plus faible… et le plus faible, c’est celui qui ne connait pas le Christ. L’évangélisation, c’est ce mouvement vers l’autre pour lui donner la lumière du Christ qui veut se manifester à tous les hommes. Etre chrétien, c’est être un agent transmetteur de l’Epiphanie, de la manifestation de l’amour de Dieu pour chaque homme et chaque femme du monde.

Ecoute cette belle prière de saint Basile de Césarée, un évêque du IVè siècle qui voyait ainsi sa mission : « exciter l’étincelle de l’amour divin qui se trouve en [l’homme] ».

Exciter l’étincelle de l’amour divin, c’est ta mission de baptisé. Exciter l’étincelle de l’amour divin, c’est être porteur de la lumière de Dieu au monde, à tous les étudiants d’Aix-en-Provence, tous. Et cela ne peut pas connaître de repos.

Ma prière pour 2018 pour toi ? C’est que tu sois un fidèle disciple du Christ, que tu excites l’étincelle de l’amour de Dieu dans le cœur de toute personne avec laquelle tu vis ou étudies. Je prie pour que tu puisses interpeler ces personnes sur leur quête de bonheur, rendre grâce avec elles pour ce qu’il y a de beau, de bon et de vrai dans leur vie, et les inciter à chercher plus loin ce Christ qui est là, dans l’ombre de leur cœur.

Plus tu seras missionnaire, plus tu goûteras au bonheur de la mission. Plus tu seras missionnaire, plus tu trouveras le sens de ta vie et plus tu vivras dans l’allégresse des chercheurs de Dieu ! Lève-toi, resplendis, porte au monde la Lumière éternelle !