Faites l’amour- Homélie du 26 novembre

Faites l’amour !
Homélie du dimanche 26 novembre pour la Communauté Catholique Étudiante d’Aix

Cher ami, il faut faire l’amour.
Il faut faire l’amour, régulièrement, avec application, de tout son cœur, de toute son âme, de tout son corps, sans retenue. Il faut faire l’amour comme t’y invite le Christ dans l’Évangile de ce soir.
Faire l’amour, cela implique deux dynamismes : donner et recevoir. « Je me donne à toi et je te reçois » se disent les époux le jour de leur mariage à la fois dans l’église et dans le lit conjugal (comme le rappelais le père Bastien lors de ses topos sur l’amour humain). Bien plus, chaque acte de don que tu poses est une manière de faire l’amour !

Faire l’amour, c’est vivre dans la charité avec l’autre, et pas seulement dans une logique de don mais également dans une logique de réception du don que me fait l’autre.
Lorsque le Christ t’invite à donner à manger, à donner à boire, à accueillir, à habiller, à visiter, tu peux avoir l’impression que c’est uniquement dans un sens du don…
Bien sûr que cette dimension de don, de sortie de soi-même, est fondamentale, mais il ne faut pas oublier que tu es d’abord un receveur.

Si tu veux donner, il te faut d’abord avoir reçu.
Si tu veux visiter les pauvres, les malades, les prisonniers, il s’agit d’abord de reconnaître que tu as été visité toi-même par le Christ, qui vient te guérir de toute maladie, qui vient t’enrichir de sa vie pour que tu quittes ta pauvreté, qui vient te sortir des prisons dans lesquelles tu peux être comprimé.
Si tu veux habiller celui qui est nu, il te faut d’abord reconnaître que c’est le Christ qui t’a habillé, du manteau de lumière, de la robe blanche de ton baptême, qui te donne toute dignité et toute liberté pour resplendir au cœur du monde.
Si tu veux accueillir le réfugié, c’est-à-dire celui ou celle qui n’a pas de chez lui, ou qui est mal à l’aise en lui-même, il te faut reconnaître que le Christ t’a d’abord accueilli sur son cœur, qu’il te laisse reposer la tête sur son cœur brûlant d’amour pour toi ! Le Christ t’a accueilli dans son Eglise, pour que tu y prennes place, que tu t’enracines dans son amour et que tu donnes du fruit aux hommes, c’est-à-dire que tu sois la plante à l’ombre de laquelle les pauvres pourront être accueillis.
Si tu veux donner à manger et à boire, il te faut d’abord reconnaître que tu a été nourri par la Parole de Dieu, par les sacrements, par l’Eglise, par tout ce qu’il y a de beau, de bon, de bien et de vrai dans le monde !

Par l’Évangile de ce soir, que l’on appelle communément l’Evangile du jugement dernier, le Christ ne veut pas te condamner, mais te pousser et t’appeler à choisir la vie, et à choisir de faire l’amour dans le monde.
Comme le dit saint Jean, il s’agit d’aimer, « non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité ! »

Je te disais qu’il s’agit d’accueillir Dieu dans ta vie, et pour cela il faut d’abord se défaire d’une mauvaise image de Dieu : cette image d’un Dieu trop exigeant pour ceux qui l’aiment ! Tu peux avoir l’impression que toi, catholique, tu es obligé, de manière ou d’une autre, de te soumettre à Dieu qui veut, certes, ton bien, mais au prix de tant de sacrifices !
Tu peux avoir l’impression que le monde est bien plus simple sinon tu ne crois pas, qu’à force de mettre des règles, des principes de vie, et de chercher à vivre des points concrets d’efforts dans ta vie, tu es fatigué de la vie à la suite du Christ. Tu peux même te demander à quoi ça sert…
Mais construire une vie, construire une famille, construire un projet sans effort, et même faire l’amour sans effort, ce n’est pas possible, celui qui te vend une formule de vie sans effort et sans don est un menteur !
Tu es membre du peuple que Dieu a choisi, tu es celui et celle dont il prend soin de toi qui te donne aux autres et qui, à sa mesure, sert le monde. Dans le livre d’Ezéchiel, le Seigneur dit bien qu’il prend soin aussi de la brebis « qui est grasse et vigoureuse », qu’il la garde, et qu’il lui donne toujours à manger ! Ne t’en fais donc pas, grâce et bonheur t’accompagnent.

Le Pape François dit que « nous, hommes et femmes d’Eglise, sommes au milieu d’une histoire d’amour. Chacun de nous est un maillon de cette chaîne d’amour. Et si nous ne comprenons pas cela, nous ne comprenons rien de ce qu’est l’Eglise. C’est une histoire d’amour ».
Aujourd’hui nous fêtons le Christ Roi, Roi d’amour, et tu le sais, toi aussi tu es Christ et roi, parce que tu es chrétien, Christ et roi par le baptême ! Être roi et reine dans le monde, c’est vivre de l’amour de l’Eglise, qui nous donne de vivre les uns avec les autres, les uns pour les autres. Vivre dans l’amour, c’est servir, et cela s’apprend.
Pour bien faire l’amour, pour bien servir, il faut apprendre, et pour cela, il n’y a pas d’autre manuel que l’Évangile !
Comme le dit le proverbe, « Servir Dieu, c’est régner ».
Régner, c’est faire en sorte que l’amour triomphe avec la force du Christ.
Donner à boire et à manger, accueillir, habiller, visiter, c’est servir Dieu et l’Eglise, c’est servir Dieu et les hommes, c’est faire l’amour. Pour faire l’amour, il faut vivre le contact, il faut aller vers l’autre. Aller vers l’autre, c’est le critère du jugement, « quand sommes-nous venus jusqu’à toi ? » demandent les brebis au Roi).

Faire l’amour, tu ne le peux totalement que si tu reçois le don de l’amour, que si tu viens à la source de l’amour, que si tu accueilles l’amour de Dieu dans ta vie. Tu es invité à faire l’amour. Alors commence par puiser à la source de l’amour, accueille le corps du Christ, le roi de l’univers, le roi de ton cœur, celui qui prend soin de ton âme, celui qui veille sur chacun de tes pas. C’est bien le sens du mois « Love and Pray » que de toujours mieux t’enraciner dans l’amour humain ET dans l’amour divin.
Accueille dans ta vie le Christ dans le pauvre qui a faim et soif (et pas seulement une faim ou une soif terrestre, mais aussi une faim et une soif de justice, de paix, de compréhension, d’affection).
Accueille dans ta vie le Christ dans celui ou celle qui est nu(e), violenté(e), dans celui qui est prisonnier de ses tourments, de ses mauvais désirs.
Accueille aussi dans ta vie ta pauvreté et ta fragilité d’homme et de femme, en demandant au Christ d’y mettre sa force. Accueille tes limites et aimes-les ; accueille tes peurs, tes doutes et demande au Christ de t’en délivrer.

Faire l’amour est la plus grande des capacités de l’homme, et cela ne se manifeste pas seulement dans l’acte sexuel. Cela se manifeste magnifiquement dans chaque œuvre de charité que tu peux poser jour après jour.

Le Christ veut te donner la vie en plénitude, te donner la capacité de bâtir la civilisation de l’amour, de résister à la cupidité, à la concupiscence et à la voracité de notre monde. Sois inventif, audacieux et déterminé pour vivre de l’amour et faire l’amour, car tu es roi !